jeudi 28 janvier 2016

A propos d'un ami (discussion sur les planètes et autres mystères)

Je suis venu chez toi deux jours avant le départ.
Tu nous avais invités à manger
mais avec le préparatifs
on avait pas vraiment pu.
Le mardi, Carole se faisait tatouer en ville -
j'avais du temps à tuer,
j'avais tout l'après midi,
c'était une bonne occasion de te dire au revoir
avant un bon moment.
On s'était dit qu'on jouerait à la console.

Je savais que tu n'avais plus beaucoup d'argent
à peine assez pour la fin du mois
alors je suis passé faire des courses -
deux bouteilles de soda
et un paquet de trois saucissons,
les moins chères
(tu m'as pas surnommé le juif pour rien)
je savais que ça te ferait plaisir,
je commence à te connaître
quand même,
après 20 ans !

En sonnant chez toi,
- j'étais en avance -
tu m'as ouvert et on a fait une blague
sur le gars qui faisait le ménage.
Tu faisais le tient
et tu étais un peu contrarié de ne pas avoir pu le terminer.
T'as quand même passé le balais
et fais une partie de ta vaisselle.
Je me suis accroupi prêt du radiateur
et caressé le chat.



Après ça

J'ai enlevé mes chaussures et
nous sommes passés au salon.
j'ai vu que ça n'allait pas comme d'habitude
et en effet, le mois avait été dur
( des problèmes d'argent
et de propriétaire).
J'ai sorti les courses
et une figurine Star Wars
que je t'avais emmené
pour compléter ta collection.
T'étais comme un gosse
et j'adore te voir comme ça
(heureux quoi).
T'as avalé un des saucisson et
ça t'a redonné des couleurs
(t'étais tout de même un peu pâle)
et avalé deux verre de soda.

Nous avons joué à la console
et nous avons rit.
Puis nous avons fait une pause 
On parle du travail (c'est pas jojo)
et des filles 
puis nous avons commencé à parler des planètes
de l'espace et d'autres mystères de ce genre
(les extra terrestres)
Tu connaissais bien le sujet :
Le big bang,
l'origine de l'univers
les trous noirs
les étoiles
et les planètes.
C'est tout de même un putain de bordel
nous là, assis,
à faire des schémas avec une salière
et une poivrière
pour tenter de se représenter l'expansion
des galaxies.
Tout ça avec en fond sonore
le bruit émit par Saturne.
Le gros trip.

Il a fallu se dire au revoir.
Je suis sensé ne pas te revoir d'ici un an
alors j'ai fais un truc que j'ai toujours voulu faire
mais que je n'ai jamais osé,
avec toi :
je t'ai fais la bise.
Va savoir pourquoi
j'ai toujours cultivé cette distance avec toi -
question de virilité.
Bien sur
ça a été d'une maladresse embarrassante.

Je suis allé à la voiture
et j'ai fais demi-tour
pour te saluer à nouveau.
Tu l'as fait arrêter
et m'a demandé en me montrant les publicités
si je voulais de la lecture pour l'avion.
Quel con.
J'ai redémarré.

C'était pas rien de te dire au revoir.
Au croisement des deux rues
j'ai eu comme un haut le cœur
une boule dans la gorge
et j'ai failli chialer.
Cette histoire d'espace et d'univers
d'origine de l'homme
et de sens de la vie,
tout ça avait une résonance avec mon départ proche
et ça m'avait un peu retourné.

J'y ais longtemps pensé dans la soirée
et je n'étais pas tout à fait moi-même.

Quelques minutes avant de décoller
tu m'écris pour me dire que tes soucis d'argent
s’aggravent et que ta santé déraille un peu.
Je passe la porte d'embarquement
avec les larmes aux yeux.
Je me casse à 20 000 km d'ici,
j'ai l'impression d'abandonner un ami,
d'être un lâche -
je me sens impuissant.
Heureusement,
un autre ami commun est là pour veiller sur toi
et puis il y a ta fiancée bien sur,
donc j'essaie de ne pas me faire trop de souci.

Mais dans l'avion
voilà que ça me reprend.
Je me dis que j'aurais pu te faire plus de course l'autre fois,
t'acheter au moins ça, où ça,
où encore ça et
je m'en veux
et j'ai de nouveau envie de chialer
(quelle tarlouze, tu vas penser...)

Si nous ne sommes que des équations mathématiques
alors nous ne sommes pas seulement des inconnues,
mais un calcul complexe à résoudre -
et c'est le destin, la fatalité ou la chance
qui semble souvent s'en occuper.
 
Mais si tout ça nous échappe
(l'univers et tout et tout)
on peut au moins se serrer les coudes
dans tout ce merdier intergalactique
qui finira un jour ou l'autre
par nous exploser à la gueule.

Dans l'avion
je regarde un film appelé « Les deux amis ».

Je pense à toi.

Avion Paris-Dubai
Pour Bruce

lundi 25 janvier 2016

La croix

De l'autre côté
de la vitre du bus
qui est arrêté au feu rouge
le ciel métal
découpe dans son antre
une forme
de l'autre côté d'un mur.

C'est une croix de pierre
qui me rappelle
que nous ne sommes
pas encore
immortel.

Ah la vie (cette vieille maîtresse)

Ah la vie,
belle pute mélancolique

Regarde comme l'on tient à toi
à faire l'amour dans des draps
qui finissent
froissés, humides et puants

Regarde comme l'on s’évertue
à se faire du mal
à supporter malgré nous
des sales « au revoir » muet
aux creux de matin d'été poisseux

Regarde nous
nus sur une plage
où à l'arrière d'une vieille bagnole
Regarde comme l'on tombe
amoureux, en émois
de silhouettes d'abord inconnues
puis trop connues
puis déconvenues.

Regarde comme l'on danse
en secouant les cheveux
comme des fouets enragés
traversés par les ondes
à 120 décibels -
on essaie d'oublier demain
qui arrive toujours trop vite.

On te laisse nous prendre dans tes bras
bercer par tes mélodies -
regarde nous, tes enfants
parfois y en a un qui t'échappe
et qui tombe dans les abîmes sombres
de l'oubli.
Faut dire parfois
- j'ai pas de leçon à te donner -
mais t'es capricieuse,
t'es même une petit garce,
et ta frangine là,
avec sa grande faux
elle est pas toujours très tendre.

Mais t'es toujours là,
et tu nous rattrapes d'un bras tendre
et tu nous offre de beaux matin de printemps
avec du thé
dans de vieilles tasses
un peu cassées.

Ah la vie...

D'un nuage à l'autre, il naîtra un nouveau soleil

Le soir tombe sur le fleuve
et il se marbre de milles couleurs
comme un miroir du ciel -
milles couleuvres teintées
de jaune, de bleu et de pourpre
nagent dans les remous paisibles
de l'eau sombre.

Il y a une beauté
qui envahit mes yeux
et ce spectacle fait rebondir en moi
des courants contraires -
la tristesse entre en crue
et ce sont des larmes
qui coulent sur mes joues.

La lune est celle des loups-garous
énorme cercle orangé
plein de mystère -
elle appelle mon cœur
qui raisonne avec le tient
qui est assis à côté de moi dans l'habitacle
et tous les deux on va s'envoler
comme on s'était dit
d'un nuage à l'autre
vers le grand blanc
en laissant nos chrysalides
dans nos nids.

Il y a ces deux îles
de verdure et de montagne
entourées de mer
dans le lointain qui chante et
l'inconnu qui murmure
ce fil de bleu et de blanc
qui vapote au loin,
de ce pays
qui nous appelle
depuis un mois.

Nous sommes partis de la maison
il y a quelques instants,
après un long repas en famille.
Aujourd'hui je m'en vais
avec toujours les mêmes questions.
Longtemps, j'ai douté de l'amour de mon père.
Pourtant c'est lui qui nous a dit au revoir
en équilibre sur le trottoir
jusqu'à ce que la voiture sorte
de l'impasse.
Il nous a regardé partir pour de bon
en agitant la main au dessus de sa tête et
en prenant le virage à gauche
j'ai vu rapidement sa silhouette
passer dans le rétroviseur :
je crois
qu'il pleurait -

si je t'aime était aussi facile à dire,
ça se saurait.



Chronique de l'amour ordinaire (histoire de Elle et Lui)

Intérieur nuit
chambre d'enfance
de Elle
environ 22h30
après le film du soir
il font enfin l'amour
après quatre jours
sans faire toucher leurs corps nus.

L'angle droit du lit 
est dans le coin gauche
de la chambre -
c'est un clic-clac dont le matelas
fait souvent un écart
avec le mur.

Les murs sont recouverts
d'un lambris bois
et de quelques vieux posters.
Table de chevet à la gauche du lit
plusieurs choses dessus,
des capotes
du lubrifiant entre autre.
Je pourrais citer les deux gros livres
et la boîte à bijoux
mais c'est le sexe qui nous intéresse
dans ce poème.

Il donne des coups de reins
assez lents,
il est dans la position du missionnaire
et porte la couette sur le bas du dos
(elle l'accuse de toujours voler cette foutue couette
durant la nuit
ce qui est purement calomnieux.)

Il a la tête dans le creux
de son épaule à Elle -
elle sent bon
la sueur
et le parfum du matin
et dans ses mains
il malaxe un des seins.

Il commence à flancher
à ralentir la cadence,
ses pensées se perdent
dans le labyrinthe
d'obscurité
et de sommeil,
son sexe devient soudain morne
et il commence à se demander
quel est le sens de cet énième
coït -
quel est le sens de sa vie ?
Puisque l'alignement des planètes
lui échappe totalement
à quoi bon continuer ?

Le tout est de ne pas y penser
de se laisser hypnotiser
par la toile de fond
et il reprend de plus belle
ses va-et-vient
un peu nuls,
il a eu des soirs meilleurs
c'est une certitude -
d'ailleurs ça ne va pas beaucoup plus loin,
il jouit presque douloureusement
dans son ventre
et dans l'oreille
elle lui susurre des mots
pour le consoler
de sa tristesse
imaginaire.

Elle ne va pas forcément mieux
que Lui
mais à deux
ils se comprennent
et s'accompagnent
dans le chemin
qu'ils ont formé ensemble.

jeudi 21 janvier 2016

You want sex ? (Rêversion)

Tu as découvert un sein
de ton kimono de soie noir
et gris -
un gros sein dégoulinant
le long de tes côtes.

Ton souffle avait la saveur du café
du liégeois que tu venais d'avalé
ça sentait fort.

Je t'ai caressée
embrassée
malaxée
toute remuée
mais tu n'as pas bougé -
tu étais pareil à un bloc
de béton armé
sur le dock d'un port -
prête à partir.

Alors je me suis enfui
dans une compréhension lâche
celle où tu serres les poings
et la mâchoire
dans le noir.

N'entends tu pas que
nos souffles sont désaccordés
tu inspire une demi seconde
avant moi
j'expire une demi seconde
après toi.

Au matin
les draps étaient doux
j'ai regardé par la fenêtre
et en face
l'arbre était nu
et immobile
prêt à tomber
comme un vieillard
sans canne.

Tu es venu te coller contre moi
et t'as touché ma chatte nue
encore mouillée de la veille
« you want sex ? » 

Salope, ais-je pensé
mais j'ai mis mes cheveux longs derrière mes oreilles
je me suis gratté le ventre
et suis allé t'embrasser
en frottant ma chatte contre la tienne.

samedi 5 décembre 2015

Le monde cruel n'a pas de prise sur l'amour, cet enfant des cieux

Je navigue dans les allées
des grands magasins
sans désir
sans pensée parasite
-j'ai abandonné mon travail-
et
quelle est cette impression de vide ?
mes mains sont las
et mon cœur est sec
l'ennui creuse
des sillons
dans mes envies
et anéanti
dans l’œuf
toute création.

Plutôt que ma propre personnalité
Je porte d'avantage
sur mon dos
le regard et l'approbation
des autres
             - certains comptent plus que d'autres -
mais disons qu'une certaine idée
de la normalité
assaille de doute mes convictions d'anti-conformisme
si bien que je ne sais plus très bien
ce qui est bon ou non pour moi
et j'ai l'art de m'entourer
des deux types de personne
pour flatter mon ego
schizophrène -
tout
tout m'épuise
mais rien plus
que
de ne pas être certain
d'être pleinement moi-même
d'être un salaud qui se ment
un tricheur et un imposteur -
donnez moi une route je la prendrais
donnez moi un autre chemin,
j'en changerais.

Mais avant tout cela
je dois être un talentueux magicien
car à force d'être transparent
les gens finissent par m'applaudir -
et le vrai drame est que leurs applaudissements
ne me donnent pas plus de contenance.

Et dans ma complainte
il y a toi,
qui frétille sur le lit en attendant un câlin,
il y a ton bonheur qui je fais exister pleinement,
le creux de ton cou qui sent bon le parfum
comme une clairière illuminée
dans les embruns du printemps.
Et tu souris
et je viens dans tes bras.
Personne ne pourra
me voler ces moments
personne ne viendra
y coller ses principes
ses idées, ses critiques
là dans tes bras
il n'y a que ta joie
qui compte
et tous les choix
seront justifiés et justifiables
pour ces moments avec toi.