vendredi 31 décembre 2010

A la vue de la dernière nuit de l'année

A la vue de la dernière nuit de l’année
Un dernier poème –
Un poème à pleurer,
Un poème à aimer
Un poème pour transpercer
Le gris opaque du ciel déprimé –
Il passe du bleu foncé
Au noir,
Toujours sombre
A peur près comme mon cœur.
Oui le soleil et ses beaux rayons
Reviendront,
Et mes yeux se refléteront dans le fleuve clair
Qui défile impassible
Au-dessus de nos têtes engourdis.

A la vue de la dernière nuit de l’année,
(Et il y’en aura tant d’autre)
Qu’est ce qui m’attend
si ce n’est le quotidien,
Parsemé par l’espoir d’un amour incertain,
De soir à se coucher seul,
De joies, de rire,
De doute ?
Qu’est ce qui m’attend ?
Je ne le sais pas bien vraiment.

A le vue de la dernière nuit de l’année,
Je vais tenter de me faire beau,
Car c’est la règle dans ce foutu monde
Si l’on veut son morceau de règne,
Son morceau d’amour,
Et de reconnaissance.
Car je suis seul
Et comme tant d’autre.

Mon âme se déchire entre la raison,
La beauté pure,
Et la sauvagerie
Qui anime chacun d’entre nous.

Je vais me faire beau,
C’est-à-dire me déguiser
Pour aller à ce carnaval,
Cette enivrante soirée qui va me distraire,
Je ne le cache pas.
Oui cette soirée va me plaire, sans doute,
Des jolies filles qui ne seront pas pour moi,
Des hommes suintant de virilité dans leurs beaux costumes
Devant lesquels je me ferai tout petit.
Je ne suis pas de ceux là.
Mon cœur est trop tendre pour survivre,
Et l’alcool ne fait que le noircir un peu plus.
Je vais avoir peur devant tout ces gens –
Je vais me cacher derrière des sourires
Et une gentillesse invisible.
Car j’ignore, au fond, qui je suis vraiment.


Je vais danser,
Prendre les gens dans mes bras,
Leur souhaiter bonne année -
Et l’aube se lèvera,
Enfin,
Claironnant la banalité,
Et la beauté de ce monde.

Et l’aube se lèvera,
Claironnant la promesse
D’un amour à venir.
Car au fond,
Il n’y que cela qui m’anime.

mardi 14 décembre 2010

L’arbre au fond de lui ne donne jamais de fleur, sauf si vous l’arrosez d’amour

Certains soirs de fête,
Vous aurez beau essayer
De lui arracher un sourire,
Vous viendrez vous échouer
Contre un rocher bien noir.

Assis sur la chaise de sa cuisine,
Après avoir dansé comme un forcené,
L’absence s’installe dans son cœur
Et il n’est plus que l’ombre
De lui-même.
L’alcool ne passe plus,
La bouffe encore moins -
Il a juste besoins d’une paire de bras,
Et de beaucoup d’amour.
Mais avec les yeux noyés dans le désespoir,
Il s’efforce de cultiver
L’ignorance des autres.

Il veut rentrer chez lui au milieu des livres
Et de ses poèmes
Qui lui donnent l’impression
D’être un peu moins con que les autres.
Ne venez pas souffler sur le bord de son lit,
Vous ne trouverez que de vieux mots d’amour
Qui résistent à l’oubli, cultivent son spleen-
Et si vous les invoquez,
C’est une vieille boue impure
Qui jaillira dans le creux des ses paupières de lune.

Ne lui accordez pas d’adjectif trop sombre,
Ou vous risquerez de le flatter,
Il est un faux clown triste –
Un masque qu’il se plait à porter.

Trop jeune pour oublier de vivre,
Trop jeune pour comprendre quoi que ce soit,
Trop jeune pour en vouloir à l’amour,
Pour croire à la mort.
Trop jeune pour écrire tout cela –
Il fuit, mort de trouille,
Se donne l’allure d’un poète en costume
Avec au fond des poches la tendresse des autres.
Juste un homme
Qui écrit des poèmes embués de mélancolie
Car il a tout pour être heureux.

C’est juste qu’à la place d’un peuplier
On lui a donné un saule pleureur.

mardi 7 décembre 2010

Rien a changé à part tout le reste

La fontaine est gelée sur la grande place –
Le soleil n’est plus.
La grisaille habille le ciel qui s’efface
Tout est fichu.

Le gel enrobe les feuilles d’automne sans âme
De ses paillettes de froid,
Je croise les visages des vieilles dames
Tristes à chaque pas.

Mise à part le manteau précoce de l’hiver,
Rien à changé,
Tout est à sa place –
Sauf que les oubliés du monde
Ne pourront aller se noyer dans les couleurs d’éther
Qu’à partir de neuf heures
Au lieu de huit habituellement.

C’est cela ; rien à changé -
Ton visage est toujours le même,
Tes yeux récoltant les graines de mon cœur.
Face à ta beauté,
J’ai l’âme d’une étoile,
Le sourire en lévitation
Et l’avenir en arc en ciel.