dimanche 24 avril 2011

Traîner dans les yeux d'une femme

Je me suis encore trop traîné dans les yeux
De cette jeune femme de passage,
J’ai navigué entre sourire et tristesse,
Prenant sa voix pour de l’or.

J’ai encore battu la nuit aux cartes,
J’ai abattu tous mes cœurs
Et mes pics bien noirs,
Laissant les trèfles
Et les carreaux de côté.

J’ai encore trop vagabondé
Le long de ses courbes insolentes -
L’espoir sur le dos,
La naïveté derrière mes pas.

J’ai me suis noyé dans les reflets de la lune,
Ne sachant que faire
De ce corps qui tremble,
Bourdonnant d’amour.

Je ne peux rien faire de son rire,
Qui s’allonge en écho
Dans les plis de la couverture.
Je ne peux rien faire de ses jambes interminables
Qui s’évadent derrière sa jupe
Et ses collants bleus marine.
Je ne peux rien faire de ses lèvres
Qui viennent flirter avec l’indécence,
Et que tant d’autre ont embrassés.

Je ne peux rien faire d’autre
Que de ma languir de sa silhouette,
et d'agoniser sur le lit
de ma jeunesse qui s'échappe.

jeudi 14 avril 2011

La grisaille

Au feu ! Crie ma gorge fatiguée,
Chaque déglutition est un coup de couteau,
Une épine invisible.

Tous les matins se ressemblent,
S’enfile comme des perles transparentes,
Insipides et sans goût,
Chaque jour est un collier trop porté.

Je marche au côté de cette jeune femme
Qui ne remarque rien –
Il n’y a que les songes délicats
Qui porte encore mon cœur
Et met un peu de rose dans le gris du ciel.

Les gouttes de pluie se posent sur le verre de mes lunettes,
Tant mieux,
Ça m’empêche de voir la misère du monde.

Et je monte dans le tramway,
Et je longe la rue en travaux,
Et je monte les escaliers,
Et je ronge ma mélancolie jusqu’au bout.

« Je sais pas » je dis,
Personne ne sait, me dit mon père,
Faut avancer, c’est tout.
Moi tous les matins,
J’ai juste l’impression de reculer.

L'amour aura ma peau

L’amour me tuera

Dans le creux laissé par les passagers,
J’ai aperçu son visage,
Ses cheveux noirs attachés,
Son casque sur les oreilles.

Elle embaume mon cœur assassiné
par le matin, qui pend au ciel sauvage.

J’attends la porte où elle va entrer,
Je prends la même.
Je serais capable de la suivre
Tant je souhaite percer le secret de son regard.

Où va-t-elle,
Que fait-elle ?

Le long du voyage amnésique,
Le soleil vient se poser
Sur mes paupières engourdis.
Cette silhouette, est-ce un rêve ?

Je ne la reverrais pas ce soir.
Je ne sais pas qui elle est.

Une chose est sur,
L’amour aura ma peau.

dimanche 10 avril 2011

L'écume d'une nuit

J’ignore pourquoi je suis né,
Si ce n’est pour écrire des poèmes morbides.
« Born to be alive », hurle la sono.
Mouais.
Je me sens plutôt mort au fond,
D’ailleurs, une amie n’arrête pas de me répéter
« fait le mort ».
Alors je plonge mon cou dans le vide
Et ça la fait rire.

Je me sers sur le buffet.
J’hésite devant la bouteille de whisky,
Puis je renonce.
Pas envie d’être malade.
Je ne suis pourtant pas assez ivre.
Je n’arrive pas à m’oublier
Si ce n’est en ricanant devant des femmes à deux têtes,
Des clips absurdes
Et un copain complètement défoncé.

Envie de pisser.
Je m’évade.
Dans le coin du mur,
Ivre de ma solitude
Et de mon ennuie.
Je titube.
Je lève la tête.
Je regarde les étoiles,
Je me mets à chanter
“I wish i could be a bird,
To catch the stars,
I wish I could be a butterfly,
To catch the moon.
I wish I could be a man,
To catch a girl”.
Je trouve ça chouette.

A la vue du chemin assombri,
J’hésite à retourner là où les gens s’ennuient à plusieurs,
Là où la jeunesse est en train de vieillir,
Là où la musique sert uniquement
A nous démembrer -
Là où les doutes,
Les angoisses
Et le manque d’amour
Coulent dans les bouteilles de bières
Et des verres de vodka-orange.

Mais j’ai mis les mains dans les poches de ma veste de velours noir,
Pris l’air d’un adulte responsable et épanoui
Et que je suis retourné dans l’écume de la nuit,
Là où ma mélancolie ne trouve pas sa place.

Des membres souvenirs

Ses cheveux,
Ses yeux,
Ses seins,
Ses jambes.
Je maudis la beauté de son corps.
Aussi tendres soient ses lèvres,
Aussi douce soit sa peau,
Mes doigts et ma bouche sont brûlés
Par les souvenirs.

Ses courbes sont désormais horizon lointaine,
Ses yeux sont des perles noyés dans l’océan.
Les songes se font plus diffus,
Comme des ruines après une tempête,
Comme des cadavres rependus
Sur le champ de bataille de ma solitude.

J’ai inventé un double de cette femme –
Un être magnifique, érotique,
Sombre -
Comme un démon qui hante mes nuits
Comme une sirène qui m’entraîne dans les abysses.

Désormais,
Je regarde le soleil fixement
Pour me rendre aveugle.

Malgré tout,
Si je peux m’ôter la vue,
Je ne peux brûler mon âme.
Ainsi,
Aux heures mélancoliques,
Je vois toujours
Ses cheveux,
Ses yeux,
Ses seins -
Ses jambes.