lundi 16 mai 2011

Les vieux soirs

Le regard parcourus par les nuages,
Mes pensées s’évadent au soleil -
Elles glissent comme un millier d’araignées,
Toutes plus noires les unes
Que les autres.

Je laisse le temps filer
Comme un voleur qui se fait la malle,
Et devant le parterre de rose
Je prie pour que les pétales
S’envolent avec mon âme.

Il me faudra vieillir,
Faire l’épreuve du deuil -
Dans des amours agonisantes
Je verserai des larmes
Abreuvé par ce cœur trop vierge.

Le soir dépose sa traîné de poudre
Et ses mille couleurs se marient
Pour figer un instant le monde
Et nos vies qui s’envolent.
Le long de la rivière endormie,
La lune vient se déposer sur tes yeux
Et je conte la vie
Comme on raconte un mensonge.
Je lance un « non »
A la nuit qui arrive trop vite,
Tandis que nos mains se frôlent
Pour ne jamais s’enlacer.

La nostalgie vient déposer son goût amer
Sur le bout de ta langue
Les rues se tissent de nos souvenirs
Pour laisser place à l’éternel,
Ce parfum que l’on revêt les vieux soirs de pluie.
La jeunesse,
La beauté,
Le bonheur
Cela ne dure que le temps de l’enfance.
Ensuite, le sable vient paver notre existence
Et il faut serrer les poings pour traverser le désert.
Les vieux visages nous réconfortent,
Viennent nous dire que nous avons vécus un peu
Et que notre cœur qui bat
Ne vaut
Ni plus
Ni moins
Qu’un autre cœur qui bat.
Le présent est trop âpre
Pour ne pas laisser aux temps anciens
La paix du passé.

dimanche 15 mai 2011

Nos rêves seront pour demain

Affronter ton visage
Pour que mon cœur s’arrête,
Y tracer les contours
D’un noir galant.

Murer dans les remparts de l’indifférence,
Nos photos sont les calques
D’une vie que je n’ai pas connue.

Mon regard se perd dans les reflets,
Des nuages, pas grand-chose,
Le poète les souffle de son stylo
Et le soir s’éternise.

Je dépouille les mots,
Histoire de trouver l’antidote -
Mais peut être que derrière le poison,
Il n’y a rien d’autre -
Juste le vide
De nos vies qui respirent.

Le désir est chronophage,
Il nous anime puis finalement nous oubli.
Traverserons-nous alors les nuages
Ou bien les racines des arbres endormis ?
Nous ne désirons jamais assez,
Et nos rêves sont toujours pour demain.

En été, je t’aime,
En automne je sombre.
Puis la mort arrive –
Seules les feuilles des arbres
Ressuscitent quand vient le printemps.

Les nuits impossibles

J’enfile cette nouvelle nuit
Sans conviction
Et avec ennui.

Sa parure sombre
Vient tapisser mes épaules
Alourdies par le néant
Qu’offre une vie solitaire.

Devant le miroir,
Je coiffe mes cheveux,
Rase le peu de barbe
Et j’arrange mon col de chemise
Avant de me demander d’un air las
« Mais à quoi ça sert tout ça ? ».
Finalement,
Je ne fais que coiffer mon espoir,
Raser mes fantasmes
Et arranger mes rêves.

Si une femme tombe amoureux,
Autant qu’elle me voit sous mon plus mauvais jour
Dès la première nuit.
Je ne rayonne pas vraiment,
Mais quand même -
Qu’elle sache à quoi elle s’expose.

Condamné au crépuscule

La musique donne à ce soir banal
Une allure tragique.
Attablé en compagnie de ma fidèle tristesse,
L’envie me prend de me rendre ivre,
Pour mieux dompter la nuit.
Chaque gorgé de vin rouge
Me réchauffe le cœur
Et rend les visages de la cuisine
Plus souriant.

La lumière du soleil couchant
Vient poser une de ses tâches
Dans le creux de ma main.
Il n’y a rien de plus émouvant que le crépuscule
Qui vient m’habiller de son voile
Pour me réconforter le soir venu.
Un seul souffle de toi
Pourrait me redonner la paix
Dans ce soir meurtri.
Un seul murmure
Me rendrait mes rêves,
Evanouis dans l’ombre de ton absence.

Je viens saluer la fraîcheur du soir
Et sentir la brise du printemps.
Pouvoir jouir de cette douceur enivrante
Me fait dire
que je ne suis pas encore complètement damné.

J’ai encore un cœur qui bat
Nom de Dieu.

dimanche 8 mai 2011

Au fond des bars

Au fond des bars

Les affaires s’entassent sur le rebord d’une chaise,
Robe rouge,
Pantalons,
Paquets de cigarette écrasés,
Ticket de caisse.
Autant de nuit à vouloir décrocher la lune,
A décocher une flèche vers un inconnu,
A se plonger dans ses yeux,
Pour quelques mots,
Pour un baiser.

On existe,
Le cœur pendu au bout des doigts.
On parle d’amour au fond des bars,
Là où la mousse de la bière
Vient mariner avec notre solitude.

Et on a peur,
Et on se manque,
On s’aime
Puis on se quitte,
C’est compliqué
Mais on y revient toujours -
On ne peut pas vivre sans.

Fast food mélancolie

Accoudé à une table de fast-food,
La nuit déroule son triste goût –
Mon reflet est de plus en plus flou,
L’amour me manque de plus en plus.
Pendu à des millions de baiser,
Je tends la main pour retrouver la surface,
Suffoquant à la vue des reflets du soleil
Qui pourraient réchauffer mon cœur alanguie.
J’arpente le vide de ma vie
En me disant que rien ne va plus.

Accoudé à une table de fast-food,
Je fredonne cette chanson d’amour
Qui me soulève les larmes.

La nuit ne se décide pas à m’emporter,
Elle me regarde avec ses yeux attendris,
Un petit sourire en coin.
Je suis cadenassé à l’envie d’un amour,
Menant à la baguette mes chères angoisses
Qui bourdonnent tel un orchestre symphonique.

Je patauge dans le blanc de ma crème glacée,
Les filles sont belles -

La beauté pardonne tout
même la mélancolie.

Illusions au pied de la nuit

Dans la nuit qui s’égare,
La cigarette se consume
A l’allure où ma lucidité
Se noie dans le liquide vert
Du Pepermint.

Je pose ma tête et son lot de petits désespoirs
Sur ton épaule en forme de radeau de fortune.
Tu connais le refrain par cœur,
Le manque d’amour,
La vie qui part,
L’âme en berne -
Mais tu l’écoutes comme si c’était la première fois.
Le cristal du verre que j’effleure de ma bouche
Viendrait bien se refléter sur tes lèvres.
Mais ce soir, les étoiles et la lune
Sont de pacotilles.
Même ma mélancolie sonne faux.

Alors,
Tu me répète que tout ira bien.
Et moi je prie
Pour que jamais ne vienne demain…