mercredi 30 mai 2012

Commes des papillons d'argent qui volent toujours trop haut


Des cheveux blonds
Et courts,
A la garçonne.
Un jean serré et des bottes rouges,
Les yeux en amende.
La regarder partir du bus
Est un supplice.

Un skate board un peu maladroit,
Un jean slim et un petit blouson
Bleu.
Une paire de lunette rouge
Et des mèches chatins
Qui dépasse de sa capuche en frou frou.
La regarder passer
Est un trop court instant.

Un casque sur les oreilles
Et des cheveux en bataille.
Une jupe épaisse et de collants,
Un petit manteau
Et des baskets.
Tout en noir,
Des pieds jusqu’à la tête.
Le train arrive
Toujours trop tôt.

Des cheveux lisses,
Un sourire dressé et le teint rose.
L’odeur de son shampoing.
De légères tâches de rousseur
Et une robe foncée.
Une grosse écharpe
Et une démarche légère.
Elle ne prend jamais la même rue
Que moi.

Tant de beautés insaisissables,
D’instants trop courts,
D’espoirs futiles.

Dieu a jalonné le monde
De femme toute plus belle que les autres
Et mon cœur trébuche chaque jour
Sur l’une d’entre elle.  

samedi 26 mai 2012

Insignifiance


Les paupières lourdes
Traînent sur le trottoir
Le matin est invisible
Et le soleil pâle.

Aussi insignifiant
Qu’une bulle d’air
Qui remonte le long d’un verre de bière,
Aussi repoussant
Que l’odeur de pisse
Qui longe un coin de rue dans la nuit.

Vouloir se plonger
Dans les reflets du soleil
Qui tapissent le fleuve
Pour échapper
A la marée humaine.

Le temps d’avoir peur,
Il est déjà trop tard.

lundi 21 mai 2012

L’éternité


Caressé par la douceur du temps
Qui passe,
Cette flèche insubmersible,
J’admire avec légèreté
Les nappes orangées
Du soleil d’hiver
Qui pleur à travers les arbres.

J’inonde mes pensées
D’une vapeur automnale,
Suave et fraiche –
Le chemin se prolonge
Et les fantômes restent derrière.

La clairière est un fleuve serein
Au milieu des montagnes,
Mes songes
Ont perdu leur bogue d’épine
Et se baladent le long du fossé.

Je lève les yeux vers le ciel -
Rien à l’horizon,
Si ce n’est un nouveau poème.

De mes deux décennies,
L’impression d’en tirer une éternité.
Je regarde à nouveau devant moi,
Ma jeunesse ne s’est pas encore fait la malle,
Mais je tire sur la corde.

Sous les arbres,
Je ne vois pas le bout du chemin,
Mais je suis toujours éclairé.

L’éternité est bien là.

   


Ghandi ne lui apprendra rien, elle sait déjà tout


Elle est assise prêt de la fenêtre du tram
Là paisible,
Enroulé dans son foulard rouge
Sa veste en daim
Et ses mitaines.

Une mèche de cheveux barre ses lèvres.
La scène ferait un beau polaroïd.

Elle lit « une nuit de liberté »
Par Ghandi.

La liberté pour moi,
C’est de l’observer de prêt
Et de me dire qu’un poème
Lui irait bien.

dimanche 20 mai 2012

Les poètes sont des fous qui vont mieux que tout les autres

Le soir, quand la nuit nous nargue,
On sait plus bien où poser nos lèvres.
J’ai vu un mec
Raté sa bière,
Comme si il voulait donner à boire au vide,
Comme si il voulait le remplir d’éther,
Comme si il voulait l’anesthésier
Pour oublier
Pour séquestrer
Le temps qui passe -
Et qui brûle…

Le soir, quand la nuit nous rit au nez,
On charge nos souliers de caillou,
Alors tout devient plus lourd
Et on se prend les pieds de nos lacets
On se casse la figure
Sur les trottoirs de nos ruptures
Et on écrase nos égos
Dans de jolis caniveaux.

Le soir, quand la nuit nous largue,
On sait plus bien où mettre nos désirs
Alors on les pose entre les vieilles pierres
Comme des pièces de monnaie,
Comme des portes bonheurs de pacotille
Qui ne font qu’accoucher de nos espoirs
Et de les laisser sans vie,
Ivres morts,
Sur les tonneaux vides.

Le soir, quand la nuit nous perd,
On sait plus bien de quoi remplir nos cœurs
Alors à la place, on remplit nos verres,
On les rempli de nuages,
On les rempli d’étoile,
On les rempli du jus de nos âmes,
On essore, on essore
Pour y trouver du rose
Mais il n’y reste
Que du noir.

Le soir, quand la nuit nous salue,
On sait plus bien où poser nos culs
Alors on courbe le dos sur nos peurs,
Sur nous avenirs
Et on s’assoit le long du fleuve qui rugit,
Imperturbable
Puis on se laisse couler…
Puis on se laisse couler
Nos quarts d’heure de gloire dans les poches
Qu’on ressortira à l’ombre du noir,
Qu’on ressortira à l’ombre la plus proche.

Le soir, quand la nuit nous assiège,
On sait plus bien quoi faire de nos bras
Alors on enserre à tout va,
On se pose sur une épaule inconnue,
On brasse les horizons
Et nos petites histoires misérables
Finissent en origami –
Des cocottes en papiers
Jetées dans l’écho du silence.

Le soir, quand la nuit nous abandonne,
On s’ouvre les veines au rhum coco
Et on laisse couler les fluides
Pour laisser s’échapper le trop plein,
On tire le drap bleu marine
Pour laisser les larmes couler
Qui laisserons un goût salin
Le jour venu -
On tire le drap bleu marine
Pour laisser les larmes voler
Au dessus de quelques lendemains
Un peu mieux tenus.

Là sur les pavés
Trainent nos masques,
Car sous nos blazes
Il n’y a que de la chair humaine
Qui palpite sous la lune,
Il n’y a que nos sangs
Qui gicle sur les murs
Pour mieux cultiver un nouveau terrain vierge,
Une nouvelle feuille blanche,
Une autre trace
Dans nos existences.

Coupe de la ligue slam 2012, Joué-Les-Tours


mardi 15 mai 2012

Beginners (You make me laught but it's not funny)

Heartbreaker
full of lies.
Girls,
my look is like
the devil's eyes,
so run if i come closer.

Embrace the night
with my tiny arms.
fireworks of sadness
and bags of self-hate -
Need some tenderness.
But it's ok,
i have no time for love
or sorrow,
i'm used to be empty.

Sometimes,
i wonder
how life would be
without my parents.
Then, tears are not
so far.

dimanche 13 mai 2012

J'espère que ma vie se terminera comme un solo virtuose de jazz, au bon moment et après un long moment d'extase


Le jour fut un long coma,
Accompagné de la fuite du printemps
Vers les couleurs de l’été.

J’ai regardé le monde
Avec des yeux de jazz
Et le cœur en trombone,
Ça sonnait bien,
Ça sonnait juste,
Alors j’ai souris au soleil,
Au ciel, aux nuages
Et peut être à Dieu
Qui sait ?

Je me suis languis du spectacle
Des collants de laine,
Des jupes à fleur,
Des marinières,
Des yeux tracés au crayon
- Mais sans pouvoir exorciser
Ma folie –
Alors j’ai tourné la tête
Et regarder par la fenêtre -
Le paysage qui défile
Accompagne plus tendrement ma solitude
Que cette horde de silhouettes spectrales
Contre laquelle je viens sans cesse
Briser mon âme.

J’ai terminé le jour presque asphyxié, 
Au bout du quai
Loin de la sortie
Un genou à terre -
Assommé par le poids d’un cœur vide
Qui pèse des tonnes.

J’espère juste que la nuit
Plongera mon cafard
Dans son sac de lune
Et qu’elle me rendra ma dignité,
Il suffit parfois d’une seule étoile –
Même filante.

Nous semons ceux auxquels nous avons montré le chemin



Face au crépuscule flamboyant
Et aux oiseaux de nuage,
Nous avons parlé d’amour.

Nos cœurs ont respiré ensemble,
En raisonnant à peine dans le vide,
Et il y a eu quelques courants d’air
Glaciales.

« Je ne fais plus rien comme avant,
Plus rien comme il faut,
Tout va de travers,
Tout est flou,
Entre l’envie de brûler
Et d’aimer pour de bon.
- On juste besoin de tendresse,
De remplir nos solitudes,
Mais on ne fait que blesser
Des âmes prêtes à aimer.
Nous ne sommes pas lâches
Cruels ou bien pervers,
Juste totalement égarés. »

Là sur la terre humide du soir,
A l’ombre d’une lune pâle,
Nos ombres ont pris l’allure
De la peur -
Celle de ne jamais retrouver
Le premier amour.
Là sous un soleil tendre,
Aux yeux des arbres,
Nos larmes ont pris le reflet
Des regrets –
Ceux que l’on a quand on laisse filer
Nos souffles de bonheur.

Nous avons secoué dans nos mains maladroites
- Comme des osselets –
Nos petites aventures mortes
Avant d’avoir vécu
Puis nous avons jeté le tout
Sur l’asphalte de l’existence.

Nous avons échangé nos regards
Et sourit face à l’issu de la partie.
Nous avions perdu
Tous les deux.


lundi 7 mai 2012

Pas de poème pour remettre les pendules à zéro

Pas de poème
pour soigner les cicatrices
ouvertes à la nuit.

Pas de poème
pour sécher les larmes
qu’on a jamais vu couler.

Pas de poème
pour apaiser les cris
qu’on a sonorisés.

Pas de poème
pour rattraper les promesses
balancées au vent.

Pas de poème
pour effacer les mots
qu’on a jamais voulu dire.

Pas de poème
pour ravaler les soupirs innocents
laisser sur le coin de la table de la cuisine.

Pas de poème
pour  pardonner les erreurs
qu’on laisse traîner comme des veilles casseroles.


Pas de poème
pour combler les silences
qu'on a préféré aux mots d'amour.

Pas de poème
pour brûler les visages
des mauvais jours.

Pas de poème
pour dénuder la vérité
et la mettre devant le miroir.

Pas de poème
pour la douleur
qui laisse des bleus au cœur.

Pas de poème
pour les suicides échoués
sur la lame du temps qui passe.

Pas de poème
Que des fantasmes
Que des points de chute
Pas de poème
Que des cristaux de larme
Que des instants perdus
Pas de poème
Que de jolis mensonges
Que des farces qui font plus rire
Pas de poème
Que de l’amour qui se fait la belle
Que de l’amour qui fait le trottoir
et attend sous la pluie
près d’un panneau stop
qu’une voiture s’arrête enfin.

Pas de poème
Sans masque
Pas de poème
pour vivre
à ma place.

vendredi 4 mai 2012

J'ai vu nombre de nuit où j'ai cru être fou pour de bon


Assis là sur le canapé,
Séparés par la lueur de la lumière
Elle me regarde.
Derrière elle, la bais vitrée,
La nuit vagabonde
A travers les lampadaires.
Les sourires et les banalités
font face au silence
Mais avec le vin blanc
On a vite fais de parler,
De parler des choses vraies
Et importantes,
Des choses du cœur,
Des choses de l’âme
Celles qui nous font vivre,
Celles qui nous animent.
Ces choses qui donnent
Des ombres à nos pas
Et à nos souffles,
Qui laissent des traces sur les murs
Et sur les routes.
Ces choses qui sont enfouies
Sous un tas d’autres trucs inutiles
Mais qui brillent là tout au fond.
On a vite fais de se confier,
De tout mettre sur la table,
Les doutes, la solitude, l’avenir,
Le manque d’amour.

Mes mots traversent les lueurs
Et viennent caresser son visage.
Je n’ai jamais eu le cœur autant décomposé
Je ne sais plus,
Je ne sais plus où aller,
Je ne sais plus quoi dire
Je ne sais plus aimer,
Je ne sais plus m’attacher
Ou bien quoi penser –
Aucune fille ne semble être à la hauteur
Et pourtant elles ont toutes la beauté des anges.
Tous les désirs se mélangent dans la houle
De mon esprit,
Il ne reste plus que l’écume sur les galets.
Le cynisme a remplacé l’espoir,
La mélancolie a remplacé la tristesse,
Le sexe a remplacé l’amour -
L'enfoiré a remplacé le mec sympa.
Pourtant,
Il y a ces soirs où la folie me guette de trop près
Et alors j’ai envie de crier « à l’aide »
J’ai envie d’un tendre baiser
Sur mes yeux égarés,
J’ai envie de pleurer toutes les larmes
De mon corps
Dans les bras de la première venue.

Assis là sur le canapé,
Séparés par nos battements de cœurs,
Elle déborde d’amour,
Elle veut donner et recevoir,
Elle veut brûler, se consumer,
Laisser la cire sécher sur le parquet
De nos illusions.
Mais elle a beau crier, hurler,
Je ne me retourne pas,
Je ne remonte pas à la surface,
Noyé dans l’obscurité –
Invisible.
A quoi bon un baiser
Si mes lèvres restent muettes ?
J’ai donné trop de poids à mon regard,
J’ai trahie l’espoir de toutes mes caresses -
J’ai voulu se faire toucher les fils
Pour voir à nouveau des étincelles
Mais j’ai juste mangé une décharge
Le long de mes veines assoiffées.
Elle a cru à mes mensonges,
Elle n’a pas vu le monstre derrière l’ange,
Elle n’a pas vu l’assassin derrière le gentleman,
Elle n’a pas vu la folie derrière la tendresse –
Je l’ai conduite au septième ciel
Avant de lui tourner le dos
De balancer mon âme
Mon cœur et mon regard
- Ces choses qui ne me servent plus -
Et de redescendre sur terre
Plus damné que le diable lui-même.

mercredi 2 mai 2012

Merci d'avoir exister


Où es tu Charles ?
Où es tu Henry ?
Où es tu Jack ?
Où es tu Allen ?
Où es tu Ernest ?
Où es tu William ?

Où êtes vous donc
Poètes beatnik ?
Vous qui avez fait hurler vos doigt
Sur vos vieilles machines Remington,
Vous qui avez usé le bitume
Avec vos Buick Skylark,
Vous qui avez vécu à la vitesse de l’étincelle
Sur la mèche,
Où êtes vous donc ?
Etes-vous dans une des chambres de cet hôpital
Devant lequel je passe tous les matins ?
Etes-vous dans les plaques à égout
Qui claquent sous mes pieds ?
Etes-vous dans les moteurs des voitures
Qui vrombissent à travers les rues ?
Etes-vous dans les poches des costumes
Des hommes d’affaire puant l'after-shave ?
Etes-vous dans le soleil écœurant
Du matin printanier ?
Etes-vous dans les rides du vieillard
Qui passe devant l’arrêt de bus ?
Etes-vous dans le regard de cette étudiante
Qui me prend pour un fou en train de psalmodier ce poème sur le trottoir ?
Etes-vous dans le tas de fringue pourri
Qui git dans le jardin de l’immeuble ?
Etes-vous dans les devantures de restaurant ?
Etes-vous dans les bourgeons du cerisier,
Dans les boucles d’oreille de la voisine,
Dans le sac à main de luxe de cette vieille dame,
Dans le rouge à lèvre de la passante ?

Une chose est sur,
Quand la plus belle femme de mon univers
Porte une mini-jupe bordeaux,
Des collants noirs,
Des bottines
Et du vernis rouge sur ses doigts en allumette
(vraiment exquis ce vernis rouge)
Vous êtes bien là,
A gémir avec moi
Des regards qu’elle ne me lance pas
Et de sa beauté singulière
Qui ne fera jamais que m’effleurer -
Comme des rayons de soleil
En plein hiver.