samedi 1 mars 2014

Chemins inverses

Je me souviens,
de ton visage innocent,
blond comme les blés d'un champ romain
et de tes yeux verts
emplis de candeur.

J'ai récité un petit poème
écrit dans le petit carnet rouge de ma mère
et au fur et à mesure de ma lecture
je m'apercevais que je te déclarais une flamme
éteinte depuis un temps.

Tu as frémis
dans le silence qui a suit le dernier vers.

Après que nos coeurs aient vibrés à l'unisson,
se réunissant autour d'un baiser 
nous nous sommes couchés sur ton lit
et tu as mis ta chanson préféré.

Une semaine plus tard,
c'est sur ce même lit
que nos deux coeurs
on pris la fuite
dans deux directions opposées.

Troisième oeil

Le monde s'assemble de débris d'angoisse,
il est le résultat de nos peurs -
remèdes, distractions, technologie,
tout est fait pour échapper à la mort.
Les pulsions morbides sont projetées dans nos oeuvres,
comme si la mélancolie était un virus.
L'existence même pousse à la mélancolie,
regardez ces gens qui déambulent,
regardez la beauté des feuilles d'automne qui tombent,
imperturbables,
les matins où la lumière passent à travers les immeubles
et vous emplis le coeur de nuage orangés pourpres.

Le monde vibre de nos chimères,
de nos oedèmes, nos meurtrissures, de nos ulcères -
suintant l'obscurité qui dort en chacun de nous.
On se distrait pour oublier,
on se fonde non pas une personnalité
mais des automatismes régie par la société
métro-boulot-dodo
et abrutissement général des masses.

Nous sommes réglés comme du papier à musique -
Conditionné par l'oeil invisible
qui nous dicte de sa voix autoritaire :
productivité, profit, discipline.
Cet oeil, c'est la somme de nos individualités effrayés par le changement
et la prise de risque
la somme de siècle de pensée judéo-chrétienne.
Cet oeil
est le gendarme spirituel de nos institutions bien pensante
Cet oeil
te plongera dans la dépression et la culpabilité.

Seul les fous marchent
sans cette oeil derrière leur dos.

Sur la route

Parfois, j'aime prolonger la route avant de rentrer chez moi
laisser défiler l'asphalte à l'ombre des lampadaires
et sous le regards des oiseaux de nuit.
Je flirte avec le bonheur
le temps d'une mélodie qui passe à la radio,
souvent un bon jazz
ou un standard pop-rock en accord mineur.
Je fais le tour du pâté de maison dans ma voiture,
je roule sous la vitesse autorisée,
paisiblement
rien ne peux m'arriver
je prolonge l'état de légèreté et de félicité
tant qu'il est là -
avant de retrouver les crampes d'estomac,
les yeux larmoyant,
la peur -
l'enfer.